 Mi-mai ! On va être déconfinés mi-mai ! Peut-être, je dis bien peut-être.
Ce n'est pas une promesse ferme, c'est seulement l'échéance probable d'une
première étape, si tout va bien, si ça se passe comme prévu, et rien n'est
moins sûr pour l'instant. Le printemps, les petits oiseaux, les bourgeons sont
au rendez-vous, le mois de mai permissif et libertaire sera à l'heure, mais
peut-être pas le creux de vague tant espéré (il n'y a rien qui passe et qui ne
repasse, disait ma grand-mère, constatation sage et vérifiée par l'expérience,
mais je trouve pour ma part que ça fait un long moment que ça passe et que
ça dure, et j'aimerais bien que ça finisse de passer, je n'ai pas que ça à faire,
attendre que la vague passe ça me saoule un peu). Le reflux n'est pas
encore avéré que déjà, de peur d'être à la traîne, les diseurs de bonne
aventure patentés et autres haruspices improvisés et auto-proclamés
chasseurs de micros complaisants, nous promettent monts et merveilles, et
arguent d'images de liberté retrouvée dans des pays qui auraient fait
beaucoup mieux que nous ou que nos dirigeants, plus vite, plus fort (l'herbe
est toujours plus verte dans le pré d'à côté, disait aussi ma grand-mère).
C'est à qui nous montrera des foules non masquées, et des réunions festives
chopes à la main. Je m'insurge contre cette vision réductrice, voire étriquée
du bonheur, non pas que je sois ennemi de la bière, je n'en laisse pas ma
part, loin s'en faut, mais sans le moins du monde minimiser l'importance de
ce breuvage dans notre culture, il faut savoir chercher l'euphorie non
seulement dans d'autres boissons fermentées et à teneur en alcool plus ou
moins forte, et elles sont nombreuses de par le monde à revendiquer des
propriétés similaires, mais aussi dans d'autres plaisirs aujourd'hui interdits en
raisons des restrictions sanitaires. Dit plus simplement, le bonheur, ce n'est
pas que la bière, c'est aussi la convivialité actuellement brimée, en tout cas
réfrénée sinon réprimée, la gastronomie, avec tout ce qui tourne autour
(parce que la gastronomie isolée, c'est comme le plaisir solitaire, c'est un peu
malsain, il y manque quelque chose), l'ambiance comme on dit, le bien-être
qui résulte d'un repas détendu entre amis réunis autour d'une même table. A
cette bière en terrasse qu'on nous présente comme un symbole de liberté, on
peut lui préférer un apéritif, ou un vin, liquoreux, sec ou fruité, un alcool plus
viril (une boisson pour hommes comme précisent les tontons flingueurs par
Audiard interposé, à moins que ce ne soit Audiard par les tontons flingueurs
interposés, ne m'ennuie plus avec des détails pareils au prétexte que tu as vu
le film), au choix, peu importe, on nous fait de toute façon miroiter l'espérance
de jours meilleurs, et la réminiscence de la vie d'avant. Mais si ça se passe
(et seulement si), ce sera un retour à la normale vraiment très progressif, ce
sera une décélération aussi lente que possible, notre Exécutif a pris, avec la
campagne de vaccination, la mesure de ce qu'était une accélération rapide
mais contrariée par la pénurie de doses, pour la levée des mesures
contraignantes, avec l'expérience qu'il a ainsi acquise, il va s'y référer, on ne
risque pas de ressentir le moindre soubresaut, ça se fera avec une
componction suave, presque langoureuse. Mi-mai donc, si tout va bien, on ne
connaît pas les critères sur quoi se basera ce « tout va bien », c'est une
estimation « au pif », mais on ne sait toujours pas le pif de qui, c'est dire s'il y
a de l'aléatoire dans l'air. Mais ça n'empêche pas d'espérer, on en a tant
besoin. Le restaurant en terrasse ne sera qu'une étape, pourvu qu'il fasse
beau, mi-mai c'est possible, mais pas franchement garanti, il ne faudra peut-
être pas oublier sa petite laine, le confort thermique sera peut-être seulement
en option, je ne veux pas être un briseur de rêve, il faudra vraisemblablement
penser à des plats roboratifs genre fondue (savoyarde ou bourguignonne au
choix) qui tiennent chaud au cœur et surtout au corps plutôt qu'à un plateau
de fruits de mer sur leur lit de glace accompagné de vin blanc dans son seau
à glace (rien que d'y penser, si le temps est frais, ça te fait froid dans le dos).
Et ne pas oublier de retirer, outre ton masque, tes moufles pour manger, ça
rendrait tes gestes imprécis et maladroits. Ça ressemblera peut-être à ce qui
se passe dans les restaurants d'altitude où tu te régales rapidement en
chaussures et combinaison de ski de plats malheureusement trop vite
refroidis (quand les remontées mécaniques fonctionnent, sinon tout reste
fermé là-haut).
Mi-mai ! On va être déconfinés mi-mai ! Peut-être, je dis bien peut-être.
Ce n'est pas une promesse ferme, c'est seulement l'échéance probable d'une
première étape, si tout va bien, si ça se passe comme prévu, et rien n'est
moins sûr pour l'instant. Le printemps, les petits oiseaux, les bourgeons sont
au rendez-vous, le mois de mai permissif et libertaire sera à l'heure, mais
peut-être pas le creux de vague tant espéré (il n'y a rien qui passe et qui ne
repasse, disait ma grand-mère, constatation sage et vérifiée par l'expérience,
mais je trouve pour ma part que ça fait un long moment que ça passe et que
ça dure, et j'aimerais bien que ça finisse de passer, je n'ai pas que ça à faire,
attendre que la vague passe ça me saoule un peu). Le reflux n'est pas
encore avéré que déjà, de peur d'être à la traîne, les diseurs de bonne
aventure patentés et autres haruspices improvisés et auto-proclamés
chasseurs de micros complaisants, nous promettent monts et merveilles, et
arguent d'images de liberté retrouvée dans des pays qui auraient fait
beaucoup mieux que nous ou que nos dirigeants, plus vite, plus fort (l'herbe
est toujours plus verte dans le pré d'à côté, disait aussi ma grand-mère).
C'est à qui nous montrera des foules non masquées, et des réunions festives
chopes à la main. Je m'insurge contre cette vision réductrice, voire étriquée
du bonheur, non pas que je sois ennemi de la bière, je n'en laisse pas ma
part, loin s'en faut, mais sans le moins du monde minimiser l'importance de
ce breuvage dans notre culture, il faut savoir chercher l'euphorie non
seulement dans d'autres boissons fermentées et à teneur en alcool plus ou
moins forte, et elles sont nombreuses de par le monde à revendiquer des
propriétés similaires, mais aussi dans d'autres plaisirs aujourd'hui interdits en
raisons des restrictions sanitaires. Dit plus simplement, le bonheur, ce n'est
pas que la bière, c'est aussi la convivialité actuellement brimée, en tout cas
réfrénée sinon réprimée, la gastronomie, avec tout ce qui tourne autour
(parce que la gastronomie isolée, c'est comme le plaisir solitaire, c'est un peu
malsain, il y manque quelque chose), l'ambiance comme on dit, le bien-être
qui résulte d'un repas détendu entre amis réunis autour d'une même table. A
cette bière en terrasse qu'on nous présente comme un symbole de liberté, on
peut lui préférer un apéritif, ou un vin, liquoreux, sec ou fruité, un alcool plus
viril (une boisson pour hommes comme précisent les tontons flingueurs par
Audiard interposé, à moins que ce ne soit Audiard par les tontons flingueurs
interposés, ne m'ennuie plus avec des détails pareils au prétexte que tu as vu
le film), au choix, peu importe, on nous fait de toute façon miroiter l'espérance
de jours meilleurs, et la réminiscence de la vie d'avant. Mais si ça se passe
(et seulement si), ce sera un retour à la normale vraiment très progressif, ce
sera une décélération aussi lente que possible, notre Exécutif a pris, avec la
campagne de vaccination, la mesure de ce qu'était une accélération rapide
mais contrariée par la pénurie de doses, pour la levée des mesures
contraignantes, avec l'expérience qu'il a ainsi acquise, il va s'y référer, on ne
risque pas de ressentir le moindre soubresaut, ça se fera avec une
componction suave, presque langoureuse. Mi-mai donc, si tout va bien, on ne
connaît pas les critères sur quoi se basera ce « tout va bien », c'est une
estimation « au pif », mais on ne sait toujours pas le pif de qui, c'est dire s'il y
a de l'aléatoire dans l'air. Mais ça n'empêche pas d'espérer, on en a tant
besoin. Le restaurant en terrasse ne sera qu'une étape, pourvu qu'il fasse
beau, mi-mai c'est possible, mais pas franchement garanti, il ne faudra peut-
être pas oublier sa petite laine, le confort thermique sera peut-être seulement
en option, je ne veux pas être un briseur de rêve, il faudra vraisemblablement
penser à des plats roboratifs genre fondue (savoyarde ou bourguignonne au
choix) qui tiennent chaud au cœur et surtout au corps plutôt qu'à un plateau
de fruits de mer sur leur lit de glace accompagné de vin blanc dans son seau
à glace (rien que d'y penser, si le temps est frais, ça te fait froid dans le dos).
Et ne pas oublier de retirer, outre ton masque, tes moufles pour manger, ça
rendrait tes gestes imprécis et maladroits. Ça ressemblera peut-être à ce qui
se passe dans les restaurants d'altitude où tu te régales rapidement en
chaussures et combinaison de ski de plats malheureusement trop vite
refroidis (quand les remontées mécaniques fonctionnent, sinon tout reste
fermé là-haut). Les dernières réflexions de l'Exécutif laissent bien augurer d'une liberté
partiellement retrouvée, on parle de début mai pour des déplacements moins
limités, et toujours de la mi-mai pour de la restauration en terrasse, le reste
suivra un peu plus tard (mais ma grand-mère, jamais en peine de proverbes,
d'adages et autres sentences frappées au coin du bon sens, peut-être un peu
méfiante aussi, disait aussi « au pays de promesses, on meurt de faim ». J'ai
hérité d'elle cette propension au bavardage, mais même enfant, et petit-fils
respectueux et affectionné, j'avais tendance à penser qu'elle parlait trop). La
dernière notion à la mode, c'est qu'il n'y aurait plus de territorialisation, de
mesures spécifiques, tout le monde z'égaux, la république française, une et
indivisible en quelque sorte. Le couvre-feu, c'était à géométrie variable, à
progression géographique raisonnée, mais pour des raisons aussi bonnes et
aussi valables que celles qui imposaient des restrictions différentes selon les
départements, à l'inverse le déconfinement lent se fera de façon uniforme sur
toute la métropole (pour les DOM-TOM, je ne sais pas si ça s'appliquera
aussi, les motifs de faire la même chose ou son inverse sont également
disparates et multiples, et pas encore clairement précisés).
Encore un jeudi avec séance officielle de marionnettes : ils sont venus à
quatre pour nous faire, l'un derrière l'autre, le « one man show » habituel,
sans gel hydro-alcoolique passé de mode semble-t'il et pour nous confirmer
officiellement des informations nouvelles déjà diffusées par toutes les
chaînes d'infos depuis l'avant veille, ce doit être un truc mis au point
certainement pour nous éviter l'effet de surprise. Même les questions-
réponses, ils les ont faites tout seuls, cette fois-ci, histoire de gagner du
temps. Rien de nouveau apparemment, sauf qu'on a passé un pic, on
redescendrait d'après eux (sans que les chiffres ne baissent, ils l'ont vu, ils
l'on discerné dans la stabilité apparente, c'était une stabilité qui ne montait
plus, c'était déjà un bon signe, ça prouve qu'ils sont plus malins que nous,
que moi en tout cas qui n'ai rien vu venir, et pourtant, ce n'est pas l'espérance
qui m'en manque), enfin, ce n'est pas une descente pour de vrai, c'est une
tendance qui demande instamment et impérativement à être confirmée, sous
toute réserve, mais qui suscite justement et comme par hasard énormément
d'espérance. Depuis une semaine, on nous promet un commencement de vie
nouvelle comme avant (ce qui est pour le moins paradoxal, si tu y réfléchis
bien, si elle est nouvelle, elle ne peut pas être comme avant, ou alors c'est
forcément du réchauffé), c'est désormais officiel que ce sera peut-être le cas,
ils nous ont rassurés en nous promettant toutefois que rien n'était moins sûr.
Par les temps incertains que nous vivons, c'est assurément une excellente
nouvelle, autant d'incertitude dans cette période de rumeurs folles,
d'informations bidons, de propagande éhontée et de fausse publicité ne peut
qu'être ressentie que positivement. Pour les écoles, le moindre cas positif
fermera toute la classe, on va tester comme des malades, les enfants, les
enseignants, le personnel de service, tout ce qui bouge, même le facteur qui
apporte le courrier à l'école, c'est bien simple, on n'arrêtera que quand on
aura épuisé notre stock de tests, ou alors quand rien qu'entendre le mot test
nous provoquera une nausée. Pour la territorialisation, il n'y en aura pas, sauf
qu'on n'exclut pas la possibilité d'y recourir selon les endroits. Toujours cette
incertitude bienvenue et rassurante. On peut donc espérer que nos libertés
ne seront bientôt plus contrariées, sauf là où ce sera nécessaire. En résumé,
tout ce qui est fermé sera bientôt rouvert (il y a des réouvertures pour ceux à
qui on permet de rouvrir, alors je ne sais plus, entre réouvrir et rouvrir, ce qui
est correct et ce qui est à proscrire, lis-le comme tu le sens, je te laisse juge),
sauf si ça doit rester fermé en raison des circonstances sanitaires. Et dire
qu'il y a des gens, de mauvaise foi certainement, ou alors d'une sensibilité
politique exagérément hostile à nos dirigeants pour penser à exiger un peu
plus de précision, et un peu plus d'engagement sur les calendriers. Mais
pourquoi ne pas tolérer de l'Exécutif ce qu'on permit à Malbrough qui
prévoyait de revenir de guerre à Pâques ou à la Trinité, et qui en définitive
n'en revint pas (dans la chanson, parce que dans la vraie vie, il n'est pas mort
à la guerre, il a seulement été blessé !). 
Globalement, à partir du 3 mai prochain, et sauf contre ordre intervenu
d'ici-là, tu ne seras plus obligé de mentir éhontément ni d'inventer des motifs
impératifs fallacieux pour traverser la France (j'en connais qui l'ont fait avec
leurs enfants au prétexte de les confier aux grands-parents, c'est dire s'ils
étaient désespérés, parce que trimbaler de la marmaille en auto pour un
trajet un peu long, sans y être obligés, il faut vraiment être maso : « dis papa,
on est bientôt arrivés ? J'ai envie de faire pipi, retiens-toi, tu vas faire baisser
ma moyenne »), mais il va encore falloir attendre un peu pour le faire dans
des conditions supportables, c'est à dire en se désaltérant régulièrement
(mais seulement en terrasse, pourvu qu'il fasse beau, sinon on est bons pour
le vin chaud debout devant des food-trucks, et il n'y en a pas partout).
Comme tu le vois, mon espérance à moi, c'est de réussir à ne pas
désespérer.
 
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