Nous ferons le tour du lac du Héron.
Il n'a seulement pas commencé, ce déconfinement, qu'il prête déjà à rire. Et s'il y a
bien quelque chose qu'il ne faut pas rater en ce moment, c'est une occasion de rire,
ou au moins de sourire, elles sont un peu rares en ce moment les opportunités de
voir la vie en rose plutôt qu'en morose. En conséquence, nous pouvons donc reprendre l'activité PÉTANQUE dès
ce lundi 31 août.
J'ai l'honneur de porter à votre connaissance des faits de délinquance très
graves, et qui devraient à mon sens être punis avec la plus grande sévérité, ne
serait-ce qu'à titre d'exemple. En ces temps de confinement souhaité rigoureux, ma
compagne, faisant preuve d'une légèreté insoutenable, et en prenant à son aise
avec les dérogations que vous avez judicieusement bien voulu permettre, profite
sans vergogne de cette tolérance de façon fort peu citoyenne. On n'arrête pas le progrès, il y a des évolutions qui paraissent inéluctables.
Depuis le fardier de Cugnot, l'histoire des véhicules automobiles et des moyens de
locomotion et/ou de transport a progressé irrémédiablement, il ne viendrait à l'idée
de personne de refuser cette fuite en avant, de condamner l'auto ou l'avion. On y
pense bien un peu, à cause du réchauffement climatique et du bilan carbone, mais
ça ne dure pas. C'est tellement pratique. Orange ! On est passés à l'orange. J'aurais préféré plus poétiquement clémentine, mandarine, et pourquoi pas abricot... Un peu de poésie ne fait pas de mal dans une époque qui en manque aussi cruellement, tu peux t'évader, te réfugier dans l'onirisme, mais n'oublie pas ton attestation de sortie ! La tension dans les hôpitaux des Hauts de France a basculé hier brutalement sur les cinq départements, sans prévenir, de rouge rouge, plus rouge tu meurs à orange, c'est tendu mais ça ne va plus péter, c'est tendu mais presque pas, juste un peu, c'est tendu mais on gère, on ne retient plus son souffle, c'est tendu, mais juste pour dire. Cette notation sans nuance m'inquiète un peu, je ne sais pas comment ils s'y prennent pour la calculer, c'est certainement facile à comprendre, mais c'est trop fort pour moi : je les imagine appelant tous les établissements de la grande région, un par un, vous en avez combien vous de Covid, et dans quel état ? Dites-nous combien vous êtes tendus, sur une échelle de 0 à 5, non, on ne note pas par demi- point, c'est 3 ou 5, pas 3,5, je n'ai pas la place dans la case sur mon formulaire. Ils font une moyenne, ils arrondissent à trois chiffres après la virgule, ils demandent au préfet s'il est d'accord, à l'ARS si elle n'a pas d'objection, au Président de Région qui lui met un coup de pouce à la note, c'est vrai il n'y a pas que les corses qui ont le droit de donner un coup de gueule,
J'ai beaucoup fréquenté les blocs opératoires. Au départ, la période d'apprentissage est intimidante, tu as peur de faire la faute d'asepsie qui te vaudra la remontrance courroucée de l'un ou de l'autre, ou même carrément le pied au cul, tu n'oses même pas t'approcher du champ opératoire, c'est bien simple, tu n'oses même pas respirer. Et puis, les gestes deviennent machinaux, toujours posés, réfléchis, au ralenti, pas de geste spontané, tu t'habilles ou tu te fais habiller, mains en l'air, selon le protocole, surchaussures, charlotte, capot, masque lacé dans le dos, toujours lentement, ne rien toucher, pose des champs, une routine bien rodée, pas question de se gratter le nez, de se passer le dos de la main sur le front, on s'y habitue vite tout compte fait, ça devient une seconde nature. Hitchcock, mais en mieux. Ah, ils savent nous la jouer suspense. C'est mieux que la finale de la Coupe du Monde à zéro partout, c'est mieux que les résultats du bac quand il n'y a pas de fuite (cette année, il n'y aura pas de fuites, on a trouvé le remède, il n'y aura pas de bac, enfin si, il y aura un bac, un vrai, sérieux et tout, mais avec les notes des contrôles continus, donc pas besoin de questions préparées en avance dans le plus grand secret, donc pas de fuites). Sauf que le lycéen boutonneux qui bullait gentiment et qui avait prévu de mettre un coup de collier à Pâques a tout perdu, en plus de ses illusions. Rien n'est clair. En ces temps de déconfinement mal défini, lesRien n'est simple, tout se complique. J'étais content, j'avais tout compris, du moins je le croyais (beati pauperes spiritu !), c'était sans compter avec le machiavélisme probablement involontaire de nos autorités sanitaires enfiévrées. Vert c'est vert, rouge c'est rouge, si tu es vert tu n'es pas rouge, et vice versa, je comprends bien, je ne sors pas de cette logique rudimentaire mais imparable. Il faut croire que c'est trop simple, que la génération du numérique ne marche pas en tout-ou-rien, pourtant j'en connais quelques uns qui, comme on dit, ne fonctionnent que sur un bit. En tout cas, quelques uns, en haut lieu (le haut lieu, c'est un endroit où tu n'atteins pas, que tu jalouses peut-être, mais pas obligatoirement, et où tu rassembles tes supérieurs pour les critiquer sans les désigner nommément, en somme c'est assez confortable),
