Le dernier discours présidentiel m'a bien plu. Je le dis sans flagornerie, je ne suis pas un béni-oui-oui, le discours présidentiel m'a bien plu. La fragile et modeste victoire du confinement de masse sur le virus a beau n'être qu'une étape, elle aurait pu être un argument en faveur
d'une reprise de l'activité économique. Le maintien dans le statu quo ante (confinement est un mot à bannir, vous voyez bien que je ne suis pas un béni-oui-oui, ça fait deux fois que je l'emploie en sept lignes) le maintien du statu quo dis-je pour un mois supplémentaire est désagréable, voire pénible pour certains, mais personne n'a raisonnablement rien de plus sérieux à proposer en attendant que reflue la vague.Pour la date, elle est fixée, ça sera le 11 mai, c'est rassurant d'un côté, mais d'un autre, mes certitudes vacillent, on ne sait pas la date de quoi : pour les écoles et les crèches, oui, mais pas pour tous, pour les petits, pas pour les grands, ou alors un jour sur deux, ou peut-être alternativement le matin ou l'après-midi. Pour les lycéens et les collégiens, ça sera aussi le 11 mai, mais pas le même jour, pas tous d'un coup. Pour les étudiants, la rentrée aura lieu en septembre (les étudiants de cette année universitaire 2010-2020), pour les nouveaux, ceux qui vont avoir le bac par contumace aux beaux jours, les inscriptions ne sont pas encore prévues, j'attends de voir ce qui est préparé pour leur éviter la promiscuité des longues files d'attente. Mais pour ça comme pour le reste, un peu pensé, ça peut se gérer convenablement, ça l'a bien fait, quoiqu'on en dise, pour les élections municipales.
Pour les vieux, pour les laisser sortir, je veux dire, on est un peu plus dans le flou. Fixer un âge limite, comme une date de péremption pour les yaourts, serait une solution simple, claire, mais voilà, ce serait m'a-t'on dit anticonstitutionnel (tout de suite les grands mots). Et puis, on le sait, il y a des vieux plus vieux que les autres, plus que la normale, mais c'est quoi la normale ? Et il y aussi ceux qui ne font pas leur âge, mais parmi ceux-là, il y a ceux qui trompent leur monde. Bon, laissez tomber, on ne va plus parler de vieux, d'aînés, de seniors, on va parler de fragiles. Donc les fragiles resteront confinés protégés après le 11 mai. C'est bien, c'est une bonne idée, déjà pour la canicule on les faisait boire, pour leur bien, sans qu'ils en aient franchement envie, maintenant, on va les enfermer empêcher de sortir pour leur bien. Et moi qui suis vieux sans vouloir l'admettre, qui suis peut-être fragile sans même le savoir, me laissera t'on sortir ? Il est vrai que je fais partie d'une association de retraités, mais ça ne dit rien de mon âge (d'après les statuts, je pourrais être le très jeune veuf d'une vieille cadre retraitée adhérente avant sa mort...). N'empêche, il ne va pas falloir s'en vanter, par les temps qui courent, d'être retraité, c'est un coup à se retrouver confiné cloîtré pour notre bien. Déjà, pour un bon moment, jusqu'après les fêtes de fin d'année, les regroupements vont être très fortement déconseillés, sinon carrément interdits, alors que penser des attroupements de retraités, je me demande pourquoi notre association n'a pas encore été dissoute, on fait désormais partie des séditieux (probablement un oubli, ils ont d'autres chats à fouetter aujourd'hui). Les activités vont être clandestines ou disparaître. Le scrabble par internet a de beaux jours devant lui (riche idée en passant!), mais je ne suis pas certain que la convivialité soit la même qu'auparavant. Pour les vidéoconférences c'est un peu la même chose, sans public, ça doit manquer de sel, et je peux toujours espérer la pétanque virtuelle, mais les modalités sont difficiles à envisager...
Pour les masques, c'est encore plus compliqué. Entre ceux qui discutent de leur efficacité, de leurs caractéristiques, de leur estampille NF et de leur marquage CE, ceux qui en cherchent et qui n'en trouvent pas, ceux qui en fabriquent avec des matériaux variés, lavables, recyclables, ceux qui en commandent et ceux qui en ont commandé, ceux qui les attendent, ceux à qui ils passent sous le nez (normal pour des masques!), ceux qui en promettent pour la semaine prochaine ou celle d'après, on a droit à une cacophonie des plus dysharmonieuses. En tout cas, le port du masque ne va peut-être pas être obligatoire, mais conseillé avec tant d'insistance, que même si tu fais la forte tête et te promènes le visage à découvert, tu vas te sentir gêné. Ça te fera comme se promener tout habillé dans un camps naturiste. Dans une population où tout le monde sera masqué, montrer son visage sera d'une rare impudeur. Il y a des endroits où vous n'entriez pas sans cravate, il y en aura où on ne rentrera pas sans masque. Autant se faire tout de suite à l'idée.
Mais les masques, il n'y en a pas ! Il y en aura demain, on vous le jure, demain sans faute, ou alors après demain, en fin d'après-midi, ou en soirée au plus tard, on attend un avion de Chine, enfin il y est parti, on ne sait s'il reviendra, ni quand.
On peut toujours se bricoler un masque alternatif, ça passe un moment pour le fabriquer, surtout si on est aussi dégourdi que moi, mais du temps, pas de problème, ça tombe bien, j'en ai en ce moment. Mais, coudre à la machine ne me passionne pas, je sais le faire, notez, mais ça ne me passionne pas. Alors m'est venue une idée : Pourquoi pas un string ? Avec les ficelles pour nouer derrière les oreilles, ça peut le faire sans problème. Je vous conseille un modèle simple, un peu sobre, pas trop coquin (il y des modèles très petits, je suis sûr que je n'arriverai pas à y cacher mon nez), un modèle avec un peu d'ampleur donc (c'est un peu difficile pour un string, d'avoir de l'ampleur). Vous pouvez l'acheter par correspondance, vous seriez surpris par la variété, la fantaisie des modèles. Je ne pensais pas qu'on puisse avoir autant d'imagination, qu'il puisse exister une telle verve créatrice à propos de ce petit triangle de tissu. On en trouve avec des broderies bien sûr, mais il y en a aussi avec des paillettes, des plumes, des perles. Mais ne faites surtout pas comme moi, ne vous laissez pas aller à vagabonder au hasard des pages en feuilletant le catalogue, restez concentré sur l'objectif du masque, personnellement j'ai fait l'erreur et me suis pris à rêver... Ce serait quand même un comble que vous ayez le souffle coupé par un masque !
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